août 17, 2014
Le Pape béatifie 124 martyrs en Corée du Sud
Le Pape François a béatifié samedi à Séoul 124 martyrs sud-coréens, dont 123 laïcs, en présence de centaines de milliers de fidèles qu’il a interrogés sur le sens du sacrifice dans un monde déchiré entre l’abondance matérielle et la plus grande pauvreté.
A Séoul, le Pape béatifie 124 martyrs sud-coréens
Premier pape à se rendre en Asie depuis 1999, François est arrivé à la Porte de Gwanghwamun dans une petite Kia découverte spécialement fabriquée à son intention, pour célébrer une messe solennelle à la mémoire des premiers chrétiens du pays.
Ainsi qu’il l’avait fait la veille dans un réquisitoire contre la société de consommation, responsable à ses yeux d’un «désespoir» menant aux drogues et au suicide, il a de nouveau posé la foi et le sacrifice du Christ comme une voie de salut face à ce qu’il présente comme un délitement des valeurs humaines.
«Les martyrs nous appellent à remettre le Christ au-dessus de tout et à voir tout dans ce monde en relation avec Lui et Son règne éternel. Cela nous pousse à nous demander s’il y a quelque chose pour quoi nous serions disposés à donner notre vie», a-t-il dit au troisième jour de sa visite au «pays du matin calme».
L’exemple des martyrs coréens qui acceptaient «l’égale dignité de tous les baptisés» et privilégiaient «une forme de vie fraternelle qui défiait les structures sociales rigides de leur époque», a beaucoup à dire «dans une société, où, à côté d’immenses richesses, la plus abjecte pauvreté se développe, où rarement le cri des pauvres est entendu», a-t-il ajouté.
Massacrés pour avoir voulu organiser des funérailles catholiques
Le catholicisme a été introduit en Corée du Sud par des laïcs lettrés initiés à cette nouvelle «sagesse» par l’enseignement des jésuites en Chine voisine, et non par les missionnaires européens.
«Cette histoire nous dit l’importance, la dignité et la beauté de la vocation des laïcs dans l’Eglise», a souligné François en prononçant la béatification de Paul Yun Ji-Chung et de ses 123 compagnons, exécutés à partir de la fin du XVIIIème.
Paul et son cousin avaient été martyrisés pour avoir voulu organiser des funérailles catholiques pour sa mère, sans respecter les rites confucéens. Tous les nouveaux bienheureux étaient des laïcs, à l’exception d’un prêtre, James Mun-mo, venu de Chine.
Répartis par diocèse, des centaines de milliers d’hommes et de femmes avaient patienté depuis les premières heures de la matinée, coiffés de casquettes de couleur en carton. Dans un grand recueillement et selon une discipline toute sud-coréenne, ils ont répété des chants en latin, prié, écouté des morceaux de piano.
Les Coréens, une «seule famille»
Le Pape, âgé de 77 ans, a commencé sa journée en baptisant, à la nonciature de Séoul où il réside, le père d’un garçon victime du naufrage du ferry Sewol en avril dernier. Un geste hautement symbolique dans un pays où 100.000 personnes sont baptisées au catholicisme chaque année.Le Pape François avait évoqué vendredi un autre chapitre douloureux de l’histoire contemporaine de la Corée du Sud avec la division de la péninsule depuis la guerre de Corée en 1953.Alors que la Corée du Nord a refusé de laisser des catholiques traverser la frontière pour aller à la rencontre du souverain pontife, ce dernier a appelé les Coréens à continuer à se considérer «une seule famille». L’espérance, avait-il dit, réside notamment dans la langue commune, qui permet d’aspirer un jour à une réunification «sans vainqueurs ni vaincus».Dans la journée, le Pape François devait se rendre à Kkottongnae, à une centaine de kilomètres de Séoul, pour visiter un centre pastoral et social de l’Eglise. Il devait rencontrer des handicapés, les communautés religieuses et des laïcs engagés. Le pape tient, dans chacun de ses voyages, à consacrer une partie de son temps à visiter des centres sociaux et à rencontrer les fidèles de la base.