L’abandon par Trump des exercices militaires avec la Corée du Sud prend Séoul de court
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Capucine MODERATION
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Sujet: L’abandon par Trump des exercices militaires avec la Corée du Sud prend Séoul de court Mar 12 Juin 2018, 9:00 pm
L’abandon par Trump des exercices militaires avec la Corée du Sud prend Séoul de court
Si cet engagement se concrétise, le président des Etats-Unis aura cédé sur l’une des principales demandes de Pyongyang, sans obtenir de contrepartie concrète
LE MONDE | 13.06.2018 à 00h09 • Mis à jour le 13.06.2018 à 09h05 | Par Harold Thibault
L’annonce par le président des Etats-Unis, Donald Trump, de son intention de supprimer les exercices militaires organisés par l’armée américaine avec les troupes sud-coréennes a déconcerté toute la région, à commencer par les premiers intéressés. Le commandement des forces armées américaines en Corée a dit dans un communiqué « ne pas avoir reçu de nouvelles lignes directrices sur l’exécution ou la cessation des exercices d’entraînement », dont le prochain exercice, Ulchi-Freedom Guardian, organisé d’ordinaire au mois d’août.i cet engagement se concrétise, M. Trump aura cédé sur l’une des principales demandes de Pyongyang. La mesure permettra de rassurer le Nord sur la réalité des intentions du président américain, qui en prend note : Kim Jong-un a déclaré qu’il était « urgent » pour la Corée du Nord et les Etats-Unis de cesser « les actions militaires agaçantes et hostiles ». De son côté, Pyongyang n’a plus effectué de tirs de missiles balistiques depuis le 28 novembre 2017.
L’agence de presse KCNA soulignait, mercredi 13 juin, que Donald Trump avait « compris » la demande de la Corée du Nord en abandonnant ces manœuvres militaires. La République populaire démocratique de Corée les voit comme la répétition d’une possible invasion des Etats-Unis pour faire tomber le régime.
Le président américain a considéré qu’il relevait du bon sens de ne plus faire de démonstration de force contre un pays dont il se rapproche, qualifiant les exercices de « très provocateurs ». Ses détracteurs ne manqueront pas de souligner qu’il n’a pas obtenu de nouvelle contrepartie de la Corée du Nord en échange de ce renoncement.
Le locataire de la Maison Blanche n’a par ailleurs pas jugé nécessaire de prévenir le gouvernement sud-coréen des concessions qu’il s’apprêtait à faire. « A l’heure actuelle, il faut distinguer le sens exact et l’intention des commentaires du président Trump », a réagi dans la précipitation le ministère de la défense sud-coréen, et ce alors que M. Trump avait échangé la veille par téléphone avec son homologue sud-coréen, Moon Jae-in. La Maison Bleue, siège de la présidence à Séoul, a confié à l’agence Associated Press faire l’exégèse des déclarations de M. Trump pour comprendre.
Le président états-unien n’a pas caché son sentiment sur ces exercices, en rupture avec les éléments de langage habituels américains qui les présentent comme de nature défensive, routiniers, et nécessaires pour maintenir un niveau de préparation suffisant entre les deux alliés dans une zone de tensions. « C’est vraiment quelque chose que [les Nord-Coréens] ont beaucoup apprécié », s’est-il justifié. « Alors que nous négocions un accord très complet, je pense qu’il est inapproprié de prendre part à des jeux de guerre », a-t-il lancé en conférence de presse, à l’issue de sa rencontre historique avec le dictateur. Il contredit ainsi l’engagement pris par son secrétaire à la défense, James Mattis, de maintenir les troupes prêtes au combat.M. Trump a surtout utilisé l’argument financier. « Nous économiserons une somme d’argent considérable », a-t-il ajouté, liant cette concession à une de ses promesses de campagne : réduire la voilure du coût des alliances des Etats-Unis. « Ces jeux de guerre sont très chers, nous avons payé en grande partie, nous envoyons des bombardiers de [la base militaire de] Guam », a constaté l’ex-homme d’affaires, qui a dit avoir découvert récemment que les avions américains faisaient six heures de vol depuis l’île du Pacifique pour se rendre à ces entraînements.
Les moyens déployés illustrent la capacité de projection inégalée des Etats-Unis, qui inquiète l’armée nord-coréenne et était une menace existentielle du point de vue du régime : bombardiers nucléaires, avions furtifs et porte-avions. En août 2017, les exercices avaient duré onze jours et impliqué 17 500 soldats américains et 50 000 Sud-Coréens.
Solution du « gel pour gel »
La Corée du Sud et les Etats-Unis avaient accepté en début d’année de décaler d’un mois une autre série d’exercices, prévus entre les Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang, pour ne pas risquer une escalade durant les festivités. Il avait fallu pour cela que la Maison Bleue insiste auprès de Washington, qui était encore à l’heure de la « pression maximale » sur Pyongyang.
Le président sud-coréen, Moon Jae-in, a préféré retenir que l’accord de Singapour « restera [it] dans l’Histoire mondiale comme un événement ayant mis fin à la guerre froide » et rendre hommage à Kim Jong-un et Donald Trump pour « leur courage et leur détermination ». M. Moon, partisan de l’apaisement, avait, dès son élection en mai 2017, tendu la main à M. Kim. Ces derniers mois, il semblait demander que ces exercices soient réduits ou que la communication autour des manœuvres soit limitée, pour ne pas donner à la Corée du Nord des raisons de monter au créneau. Mais Séoul insistait sur le fait qu’ils étaient maintenus.
Donald Trump se range derrière la solution proposée de longue date par la Chine, un « gel pour gel » des essais balistiques et nucléaires nord-coréens et des exercices américano-sud-coréens, que refusaient jusqu’à présent les Etats-Unis, considérant légitimes leurs opérations avec leur allié du Sud. Pékin voyait en ces manœuvres une source de tensions dans la péninsule et un rappel malvenu de l’omniprésence de la première puissance mondiale à sa périphérie.