Essonne : la piste criminelle privilégiée après l'incendie d'un centre d'accueil de migrants

D'une capacité totale de 200 personnes, un centre d'accueil pour migrants a été incendié dans la nuit de lundi à mardi à Forges-les-Bains. Localement, le projet est très contesté.

Que s'est-il passé dans la nuit du 5 au 6 septembre à Forges-les-Bains (Essonne) ? Un futur centre d'accueil de migrants qui devait accueillir 90 pensionnaires dès le mois d'octobre a été incendié. Le feu s'est déclaré dans le bâtiment principal mardi vers 02h, quelques heures après la dispersion par la gendarmerie d'une centaine de personnes venues manifester devant la mairie leur opposition à l'ouverture du centre.

Les premiers éléments de l'enquête évoquent un "incendie volontaire, a priori", selon le parquet d'Évry, car "il y avait déjà eu un incident quelques jours auparavant". Les robinets d'un bâtiment du centre avaient été ouverts dans la nuit de samedi à dimanche, provoquant une inondation et l'effondrement du plafond du rez-de-chaussée. Le propriétaire du centre, d'une capacité totale de 200 personnes, la ville de Paris, a porté plainte et le ministère public a ouvert une enquête pour "destruction volontaire de bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes".

"Le projet n'est pas annulé"

"Si l'hypothèse d'un incendie volontaire est confirmée, tout sera entrepris pour interpeller au plus vite et remettre à la justice les auteurs de cet acte abject", a réagi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans un communiqué



"Ce qu'il s'est passé est inacceptable", a également déploré La ministre du Logement Emmanuelle Cosse sur BFMTV. "Arrêtons de voir les migrants comme une menace", a-t-elle déclaré, assurant que "le projet n'est pas annulé, le centre d'accueil ouvrira".

"C'est une honte", a réagi de son côté Anne Hidalgo, à la mi-journée. "Ceux qui ont fait ça devraient avoir une honte immense parce que s'ils pensent que c'est comme ça qu'on porte les valeurs de notre pays, ils se trompent totalement. C'est détestable, déplorable, criminel d'agir de cette façon là. J'espère qu'ils seront retrouvés et sanctionnés comme il se doit."

Hasard, ou non, du calendrier, cet incendie a eu lieu le jour où la ville de Paris a présenté son centre d'accueil humanitaire pour migrants, qui ouvrira mi-octobre dans le nord de la capitale.

Forges-les-Bains pas consulté

Décidé par l'État et géré par l'association Emmaüs, le centre n'a fait l'objet d'aucune consultation de la commune de 4.000 habitants, au grand dam des habitants.

Au micro d'Europe 1, certains riverains craignent par exemple des agressions : "Il y a de belles jeunes femmes ici, être dévisagé tous les jours par les mêmes personnes, ça n'est pas toujours évident. Je ne dis pas que ce sont des gangsters, mais est-ce que toute la sécurité a été prise autour de ces gens-là, je ne suis pas sûr". "Les gens qui voient les images que les médias diffusent à Calais ou ailleurs, la question des migrants leur fait peur", s'inquiète un autre. D'autres pointent que la ville n'est que peu desservie par les transports en commun et s'inquiètent que les occupants du centre n'aient rien à faire de la journée.

Cet incendie "est condamnable évidemment. On n'adhère pas du tout à ça", a déclaré à l'AFP Aurélie Lecomte, qui habite à quelques pas du centre. Elle faisait partie des manifestants qui ont dit leur opposition au projet lundi soir devant la mairie. "Tout s'est passé dans le calme, ça s'est terminé vers 22H00 et on est tous rentré chez nous tranquillement. Et ce matin, quand on a appris (l'incendie), ça a été la douche froide", a-t-elle ajouté.

Avec plusieurs autres parents d'élèves, elle a lancé une pétition pour s'opposer à l'ouverture du futur centre d'accueil, situé à une centaine de mètres d'une école. "Notre priorité, c'est les enfants", affirme-t-elle. "Le centre est situé beaucoup trop près de l'école. J'imagine que ces messieurs vont aller et venir et on a eu aucune réponse de la mairie par rapport à la sécurité."

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