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| | Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février | |
| Auteur | Message |
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Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7528 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février Jeu 11 Fév 2016, 9:53 am | |
| Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février
2016-02-05 Radio Vatican
Cuba accueillera le 12 février 2016 un évènement historique dans l’histoire du christianisme : le Pape François, qui fera escale à La Havane sur le chemin du Mexique, va y rencontrer le patriarche de Moscou, chef de l’Église orthodoxe russe. Il s'agit d'une étape importante, et de l'accomplissement d'une volonté déjà exprimée par les prédécesseurs du Pape François, Jean-Paul II et Benoît XVI.
Voici le communiqué diffusé ce vendredi midi par le Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou :
«Le Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou ont la joie d’annoncer que, par la grâce de Dieu, Sa Sainteté le Pape François et Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, se rencontreront le 12 février 2016. Leur rencontre aura lieu à Cuba, où le Pape fera escale avant son voyage au Mexique, et où le Patriarche Cyrille sera en visite officielle. Elle comprendra un entretien personnel à l’aéroport international José Marti de La Havane, et se conclura avec la signature d’une déclaration commune.
Cette rencontre des Primats de l’Église catholique et de l’Église orthodoxe russe, préparée depuis longtemps, sera la première dans l’histoire et marquera une étape importante dans les relations entre les deux Églises.
Le Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou souhaitent que cela soit aussi un signe d’espérance pour tous les hommes de bonne volonté. Ils invitent tous les chrétiens à prier avec ferveur pour que Dieu bénisse cette rencontre, et qu'elle porte de bons fruits.»
Le père Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, a précisé que l'entretien durerait environ deux heures. Le Pape François et le Patriarche Cyrille prendront brièvement la parole après la signature de la déclaration commune. Seront également présents, pour l'Église catholique, le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'Unité des chrétiens, et pour l'Église orthodoxe russe, le métropolite Hilarion, responsable des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, que le Pape François a déjà reçu plusieurs fois au Vatican.
Après l'annonce de sa participation à une célébration le 31 octobre en Suède dans le cadre du cinquième centenaire de la Réforme de Martin Luther, l'annonce de la rencontre du Pape François avec le patriarche russe confirme sa volonté d'accélérer la réconciliation entre chrétiens, Si le patriarcat de Constantinople bénéficie de la primauté d’honneur, numériquement le patriarcat de Moscou représente les 2/3 de l’orthodoxie mondiale. L'Église orthodoxe russe compte en effet 130 millions de fidèles, pour 1,2 milliard de catholiques. L'Église orthodoxe a connu un rebond important en Russie depuis l'effondrement du système soviétique, avec la fondation ou la refondation de milliers de paroisses et de monastères. Mais l'indifférence et l'athéisme de facto restent des réalités très ancrées dans la mentalité d'une grande partie de la population russe.
Des ponts déjà établis entre Moscou et Rome
Interrogé par la télévision russe, le métropolite Hilarion a déclaré que l'engagement commun des deux Églises dans la lutte contre les persécutions anti-chrétiennes en Orient rendait cette rencontre nécessaire, même si des désaccords persistent sur d'autres sujets, notamment concernant l'Ukraine. Le métropolite Hilarion est venu plusieurs fois au Vatican, notamment dans le cadre des Synodes sur la Famille de 2014 et 2015, auxquels il avait participé en tant que "délégué fraternel".
Il faut aussi remarquer que son prédécesseur à cette responsabilités des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, au temps du Patriarche Alexis II (1990-2008), n'était autre que Cyrille lui-même, qui avait alors noué des relations très suivies avec le Vatican, et notamment avec Benoît XVI qu'il a rencontré a plusieurs reprises avant son élection comme Patriarche en janvier 2009.
Cette rencontre du 12 février 2016 «n’est pas improvisée», a assuré le père Lombardi, confiant que cette possibilité est étudiée depuis deux ans. Il a évoqué la «circonstance favorable» des voyages programmés en même temps par le Pape et le Patriarche dans la même région latino-américaine, permettent d'envisager cette rencontre dans un lieu neutre, hors de l'Europe. Le Patriarche Cyrille sera en effet alors en visite à Cuba, une île qui compte une présence orthodoxe liée notamment à la diaspora russe présente dans ce pays autrefois allié de l'URSS.
Le président Raul Castro, qui se retrouve d'une façon inattendue hôte d'une rencontre majeure dans l'histoire de la chrétienté, accueillera le Pape François à sa descente d'avion sur le tarmac de l'aéroport, et s'entretiendra brièvement avec le souverain pontife. Il s'agira donc de la deuxième visite du Pape à Cuba, après celle effectuée du 19 au 22 septembre 2015. Mais cette fois-ci, elle ne durera qu'un peu plus de trois heures, et le Pape ne devrait pas avoir de contact avec les catholiques de l'île, même si le cardinal Ortega, archevêque de La Havane, et le nonce apostolique, Mgr Giorgio Lingua, seront présents sur le tarmac de l'aéroport pour l'accueillir.
Ce vendredi 12 février, le départ de l'avion papal depuis Rome sera donc avancé à 7h45 du matin, au lieu de 12h30. Malgré cette escale cubaine, le voyage du Pape au Mexique garde son programme inchangé.
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| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7528 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février Jeu 11 Fév 2016, 9:54 am | |
| La rencontre entre François et Cyrille suscite de grandes attentes
2016-02-06 Radio Vatican
L’annonce d’une rencontre, ce vendredi 12 février 2016 à La Havane, entre le Pape François et le Patriarche de Moscou, Cyrille 1er, suscite une grande surprise et un réel enthousiasme à travers le monde.
Impliquées, paradoxalement, dans une rencontre entre les deux principales figures de la chrétienté européenne, les autorités cubaines ont dit leur disponibilité pour accueillir cette rencontre "sur terrain neutre", qui se tiendra à l’aéroport international José Marti de La Havane entre 14h et 17h, heure locale. «Cuba se sent honorée d’accueillir la réunion des primats de l’Église catholique et de l’Église orthodoxe russe, et apportera toutes les facilités pour la réalisation de cette rencontre historique», peut-on lire dans un communiqué du ministère cubain des Relations extérieures.
Il est à noter que le président Raul Castro recevra en personne le Pape François à sa descente d’avion, et il le raccompagnera à son départ. Cuba deviendra donc le premier pays, hors Italie, à recevoir le Pape François à deux reprises, après sa visite effectuée du 19 au 22 septembre 2015, durant laquelle il s’était rendu dans trois villes : La Havane, Santiago-de-Cuba et Holguin. Mais cette fois-ci, sa visite ne durera que trois heures et il ne devrait pas avoir de contact avec la communauté catholique de l’île, mis à part à travers la présence du cardinal Ortega, l’archevêque de La Havane, qui l’accueillera à l’aéroport.
Une avancée vers l'unité et le témoignage commun des chrétiens
Autre réaction importante, le cardinal Peter Erdö, président du Conseil des conférences épiscopales d'Europe, a écrit au Patriarche de Moscou. Il salue «un pas de plus accompli vers l'unité et le témoignage commun des chrétiens» et invoque «la bénédiction du Seigneur sur la rencontre».
Voici le texte intégral de cette lettre :
«Sainteté,
C’est avec une grande joie que j'ai appris la nouvelle de la prochaine rencontre, par la grâce de Dieu, entre Votre Sainteté et Sa Sainteté le Pape François, le 12 février prochain, à l'aéroport international José Martí de Cuba, rencontre qui se conclura par la signature d'une déclaration commune.
Cette rencontre historique, qui vient ainsi à sceller si heureusement des décennies de dialogue entre le Saint-Siège et le Patriarcat de l'Église Orthodoxe Russe, conforte aussi le CCEE dans le choix de s’investir dans ce dialogue. Avec le Métropolite Hilarion de Volokolamsk, Président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, nous avons beaucoup travaillé pour la création et la mise en œuvre du Forum Européen Catholique Orthodoxe, instance ecclésiale visant à promouvoir une meilleure collaboration pastorale entre l'Église catholique et les Églises orthodoxes en Europe, et dont la 5ème édition est déjà en préparation.
L'Église en Europe regarde cet évènement comme un pas de plus accompli vers l'unité et le témoignage commun des chrétiens. Par conséquent, j'invoque la bénédiction du Seigneur sur la rencontre, pour son succès, et je vous assure de mes prières pour cette étape importante vers l'unité de l'Église et en particulier pour l'Église orthodoxe russe. Votre Sainteté, au nom du Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe, je vous assure la prière de l'Église catholique en Europe et nous suivrons avec beaucoup d'intérêt et de joie votre rencontre avec le Pape François. »
(CV avec le site du CCEE)
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| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7528 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février Jeu 11 Fév 2016, 9:55 am | |
| Qui sont les orthodoxes?
Le pape François rencontrera demain à Cuba Kirill Ier, le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe. Une première depuis le schisme de 1054. Quelques repères sur les Églises orthodoxes, un univers complexe. Publié le 11 février 2016.
L'orthodoxie représente dans le monde une entité fort complexe. Cette complexité est due à sa répartition géographique, son passé historique et la tradition propre à chacune des Églises. Un concile pan-orthodoxe dont on parle depuis longtemps devra apporter des solutions aux multiples problèmes créés par leur situation actuelle.
L'Église Orthodoxe se nomme volontiers "L'Église des Sept Conciles". Elle reste en effet fortement attachée aux sept conciles œcuméniques: Nicée (325), Constantinople (381), Éphèse (431), Chalcédoine (451), Constantinople II (553), Constantinople III (681), Nicée II (787). Le six premiers mirent fin aux querelles christologiques. Le dernier résolut la querelle des iconoclastes et régla le problème du culte des images, précisant la différence entre le culte rendu à Dieu seul et celui qui revient aux saints.
Principales différences avec l'Eglise romaine
Les querelles entre l'Orient et l'Occident (rivalités entre Rome et Constantinople, Filioque, date de Pâques, controverses iconoclastes) aboutirent au schisme officiellement sanctionné en 1054 par une condamnation réciproque, qui fut du reste levée récemment.
L'Église orthodoxe puise sa doctrine dans l'Écriture (canon des Septante, donc les livres apocryphes de l'Ancien Testament) et la tradition. Elle est hostile à la notion de développement doctrinal. Elle rejette donc le Filioque (l'affirmation que le Saint-Esprit procède aussi du Fils), les dogmes de l'immaculée conception et de l'assomption de Marie, non révélés dans la Bible, et ceux de la primauté et de l'infaillibilité pontificales, affirmant que l'infaillibilité ne peut appartenir à un homme seul, qu'elle appartient à l'Église et s'exprime dans les conciles œcuméniques. Toute la théologie orthodoxe est résumée dans cette phrase d'Athanase: "Le Christ est devenu chair, pour que nous devenions divins".
Organisation et sacrements
La hiérarchie dite d'institution divine se limite aux trois ordres: diaconat, presbytérat, épiscopat. Le célibat n'est imposé qu'au clergé régulier, c'est-à-dire aux moines. Les hommes mariés peuvent accéder à la prêtrise et au diaconat, mais une fois ordonné, un prêtre ou un diacre ne peut plus se marier ni se remarier. Les évêques sont célibataires depuis le Vie siècle et élus parmi les moines et prêtres non mariés, en général par un synode.
Les sacrements, appelés encore des "mystères", sont au nombre de sept: le baptême, administré par triple immersion, le chrisme, la pénitence, les ordres, le mariage et l'onction (institués par les apôtres).
L'Église Orthodoxe prohibe les mariages mixtes et permet le divorce en cas d'adultère, de trahison ou d'apostasie. Elle ne connaît pas de purgatoire pour la purification des âmes, étant donné qu'après la mort on ne peut plus participer aux sacrements. La félicité dans l'au-delà est proportionnelle aux mérites acquis ici-bas. Le monachisme est un aspect important de l'Orthodoxie. Par contre, à la différence du catholicisme occidental, il n'existe pas en Orient d'ordres religieux; les monastères sont tous soumis à l'évêque du lieu. La tendance contemplative y domine.
Les Églises Orthodoxes se répartissent en trois groupes
1) Les quatre patriarcats de rite byzantin : Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem.
2) Cinq Églises Autocéphales d'origine plus récente: organisées de manière indépendante, elles possèdent le droit de désigner elles-mêmes leurs primats. Elles reconnaissent cependant en principe la primauté du patriarche de Constantinople. Quatre d'entre elles ont droit au titre de patriarcats : La Russie: L'évangélisation des Slaves remonte au IXe siècle (Cyrille, Méthode). Le Patriarcat de cette Église, fondé en 1589, supprimé par Pierre le Grand en 1721 et rétabli en 1917, se trouve à Moscou. Elle compte environ 50 millions de fidèles. La Roumanie: Patriarcat fondé en 1925. Quelque 14 millions de fidèles répartis en 12 diocèses et 9 000 paroisses desservies par 11 000 prêtres et diacres. Patriarcat de Serbie: 8 millions de fidèles dans l'ancienne Yougoslavie. La Bulgarie:6 millions de fidèles. L'Église autocéphale de Géorgie: 5 millions de fidèles.
3) Églises Autocéphales sous la dépendance des patriarcats La Grèce: cette Église dépend du patriarcat de Constantinople. Par déférence pour le patriarche de cette ville, le primat de Grèce a renoncé au titre de patriarche et porte celui d'archevêque d'Athènes. L'Église compte 7,5 millions de fidèles. Chypre: 450 000 fidèles. L'Albanie: Église décimée par la persécution de l'ancien régime. Environ 210 000 fidèles. La Pologne: 450 000 fidèles. La Tchécoslovaquie: 350 000 fidèles. La Finlande: 70 000 fidèles. Le Japon: 25 000 fidèles. Les États-Unis: Constituée d'anciens émigrés, la situation de cette Église est confuse. En 1972,Moscou accorda l'autocéphalie aux orthodoxes d'origine russe établis aux U.S.A. (1 million). Les autres orthodoxes des U.S.A. et du Canada (3 500 000) dépendent des Églises grecque, roumaine et autres. Certains émigrés russes disséminés dans le monde ont refusé de rester reliés au patriarcat de Moscou et dépendent de celui de Constantinople, formant des diocèses de langue russe au sein de l'Église grecque.
Wadie Andrawiss, historien des religions, spécialiste des chrétiens d'Orient, 12 février 2014 Croire.com |
| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7528 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février Jeu 11 Fév 2016, 9:56 am | |
| Kirill, « chef d’État » à la tête de l’Église orthodoxe russe
Le patriarche Kirill. Sa mission : orchestrer le retour de l’église orthodoxe russe au premier plan de la scène mondiale.
Premier patriarche de Moscou à rencontrer le pape vendredi 12 février à Cuba, Kirill fait partie d’une génération d’élites formées pour restaurer l’Église orthodoxe en Russie.
Résidence de l’ambassadeur de Russie à Paris, mars 2014. Ce soir-là, le dernier ouvrage du patriarche Kirill de Moscou – des méditations sur le Carême traduites en français – est à l’honneur devant un auditoire de journalistes. Tour à tour, les officiels vantent les « exceptionnelles » qualités de prédicateur et de responsable d’Église de l’auteur. « Mais aussi, ajoute l’ambassadeur, de chef d’État… Car notre patriarche aurait pu aussi bien diriger un État. »
Surprenant pour des Occidentaux, ces propos n’ont rien d’anodins. En effet, l’homme qui s’apprête à entrer dans l’histoire comme le premier patriarche de Moscou à donner l’accolade au pape s’est préparé à une mission bien précise : sauver l’Église orthodoxe russe de l’anéantissement et orchestrer son retour au premier plan sur la scène russe et mondiale.
Négociation permanente avec le régime communiste
Né en 1946 à Leningrad, Vladimir Gundjajev est l’héritier d’une Église longuement persécutée : plus de 70 ans, de la révolution d’Octobre à l’effondrement du bloc soviétique. Fils et petit-fils de prêtres morts au goulag, c’est avec un incurable sentiment de vulnérabilité qu’il pousse la porte du séminaire en 1960, pour être ordonné neuf ans plus tard sous le nom de Kirill.
Doué, le jeune homme est vite repéré par le métropolite Nicodème de Leningrad (1929-1978), en charge des relations extérieures au Patriarcat de Moscou. Cette figure majeure de l’Église russe du XXe siècle, épris d’œcuménisme et grand « cathophile », a compris que la survie spirituelle de son Église passe par une négociation permanente avec le régime communiste. Soutenu par le KGB, Nicodème recrute les meilleurs de sa génération. Son plan : former un commando d’authentiques dirigeants chargés d’assurer l’avenir de leur Église. Y figurent, entre autres, les futurs métropolites Philarète de Minsk et Vladimir de Kiev. Kirill, le benjamin, devient secrétaire de Nicodème.
Commence aussitôt une carrière éclair qui mène le jeune prêtre en Occident, où il apprend les langues, l’histoire du christianisme, la théologie et l’œcuménisme. Nommé à Genève comme représentant de l’Église russe auprès du Conseil œcuménique des Églises (COE), il s’initie à la mondialisation et à la diplomatie.
Profil œcuménique
Lorsque son mentor Nicodème meurt en 1978 au Vatican, dans les bras de Jean-Paul Ier, Kirill est déjà préparé aux plus hautes responsabilités. Un temps marginalisé pour sa critique de l’intervention russe en Afghanistan, il revient en grâce sous la Perestroïka et dirige à son tour les relations extérieures du Patriarcat. Il a alors toute latitude pour développer le dialogue œcuménique et jeter les bases d’une doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe.
Ce tropisme occidental, qui fait sa marque à l’extérieur, Kirill n’hésite pourtant pas à le jeter aux orties lorsque vient pour lui le moment de succéder à Alexis II (1929-2008) comme patriarche. Face aux crispations identitaires et nationalistes du clergé russe, son profil œcuménique risque d’empêcher son élection. Voire, dit-on, de provoquer un schisme avec l’aile droite. Parvenu à ses fins, Kirill s’affirme plus que jamais en homme de pouvoir, poursuivant à marche forcée la reconstruction de l’appareil.
Intérêts réciproques entre Kirill et Vladimir Poutine
Parallèlement, il se lance avec l’appui du Kremlin dans un vaste Monopoly à l’échelon planétaire, rapatriant une à une dans l’orbite russe les Églises hors frontières qui avaient coupé les ponts avec Moscou durant la Guerre froide. Son but ultime est de damer le pion au patriarche œcuménique de Constantinople – basé à Istanbul – pour le leadership sur l’orthodoxie mondiale.
La proximité de Kirill avec Vladimir Poutine est, avant tout, le produit d’intérêts réciproques. « Le premier veut restaurer la grandeur de l’État, le second celle de l’Église, résume l’historien des religions Jean-François Colosimo. Or, il n’y a pas de Russie sans orthodoxie : Kirill sait qu’il est seul en position de renouer les fils de l’histoire après 70 ans de vide communiste. » Leur rhétorique commune sur la défense des chrétiens d’Orient et des valeurs « traditionnelles » est appréciée au Vatican.
Lorsque Vladimir Poutine annexe la Crimée, Kirill se tait. Au grand dam du Kremlin qui attendait plus de soutien, et des orthodoxes d’Ukraine, rattachés au Patriarcat de Moscou, qui vivent ce silence comme un abandon. L’éclatement qui menace aujourd’hui l’Église d’Ukraine – berceau historique de l’orthodoxie russe à qui elle fournit encore les deux tiers de son clergé – hante désormais Kirill. Tout comme le gouffre qui s’élargit entre la vitrine d’une Église russe sur le retour… et la réalité d’une Russie livrée à une grave crise économique, sociale et spirituelle.
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Une jeunesse à Leningrad
1946. Naissance à Leningrad.
1969. Ordonné prêtre.
1974. Nommé à la tête de l’école de théologie de Leningrad, la plus importante du pays.
1988. Archevêque de Smolensk et de Kaliningrad.
1989-2009. Président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou.
2006 : Rencontre au Vatican avec Benoît XVI.
2009 : Élu patriarche sous le nom de Kirill Ier, succédant à Alexis II.
http://www.la-croix.com/Religion/Monde/Kirill-chef-d-Etat-a-la-tete-de-l-Eglise-orthodoxe-russe-2016-02-11-1200739290
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| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7528 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février Jeu 11 Fév 2016, 9:56 am | |
| « Des deux côtés, certains n’accepteront pas cette rencontre »
P. Nicolas Lossky
Prêtre du Patriarcat de Moscou, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (Paris)
J’attends beaucoup de cette rencontre et je suis convaincu qu’il en sortira des choses positives. Le pape François et le patriarche Kirill sont tous deux des hommes de bonne volonté et leur rencontre ne peut qu’apporter du bien au dialogue entre catholiques et orthodoxes.
Je connais le patriarche depuis longtemps : nous avons très souvent voyagé ensemble pour aller à des rencontres œcuméniques à travers le monde entier et nous correspondons encore chaque année pour notre anniversaire qui tombe le même jour. C’est un homme qui croit vraiment au dialogue, et maintenant qu’il est patriarche, il peut faire des choses qu’il ne pouvait pas faire auparavant.
Bien sûr, ce qui adviendra après cette rencontre dépend en grande partie des réactions des uns et des autres : des deux côtés, il y a des gens qui sont heureux et d’autres qui seront choqués et qui ne l’accepteront pas. On peut prévoir des réactions négatives de leur part. Peut-être même des provocations (par exemple venues d’Ukraine).
Mais il faut dire que ce sont des gens qui n’ont pas conscience de ce que représente le mouvement œcuménique, qui ne sont pas au courant de l’évolution qui a eu lieu. Moi, je l’ai vécue depuis que, tout jeune, je suivais mon père Vladimir chez ses amis catholiques Étienne Gilson, Henri de Lubac ou Jean Daniélou. Je me souviens de conversations avec Daniélou où celui-ci aurait pu avoir des problèmes si son ouverture à notre égard avait alors été connue.
Aujourd’hui, ce type de discours n’est plus un problème, sauf chez ceux qui ne sont pas suffisamment éclairés sur cette évolution du dialogue. Ceux-ci sont nombreux dans l’Église russe, même si, heureusement, ils ne représentent pas tout le monde.
Il y a aussi des hommes comme le patriarche qui sont convaincus de la nécessité de ces contacts entre nos deux Églises, ou plutôt entre les deux côtés d’une même Église – N’oublions pas que nous avons été une seule et même Église pendant des siècles et des siècles ! Ainsi le métropolite Hilarion de Volokolamsk (président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, NDLR) est un homme extrêmement éclairé, très intelligent, même si, pour ménager certains, il ne peut pas dire tout ce qu’il ressent dans ses discours officiels.
Mais je le connais bien et je sais ce qu’il pense vraiment au fond de lui. Aussi suis-je positif et plein d’espérance par rapport à cette rencontre entre le pape et le patriarche. Et je souhaite vraiment qu’elle ouvre le cœur de ceux qui ne sont pas convaincus de son apport positif pour les Églises. Elle peut apporter un nouvel élan au dialogue.
http://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Des-deux-cotes-certains-accepteront-cette-rencontre-2016-02-11-1200739314 |
| | | Capucine MODERATION
Date d'inscription : 12/12/2011 Messages : 7528 Pays : France R E L I G I O N : catholique
| Sujet: Re: Le Patriarche Cyrille et le Pape François se rencontreront à Cuba le 12 février Sam 13 Fév 2016, 4:23 am | |
| La déclaration commune du Pape François et du patriarche Cyrille A l'issue de leur rencontre en privé, le Pape François et le patriarche Cyrille ont signé une déclaration commune, un texte dense et dont chaque mot a été soupesé, témoignant d'une convergence sur de nombreux points. Une déclaration qui comprend trente paragraphes et qui revient sur les grands enjeux contemporains comme les conflits au Moyen-Orient, la liberté religieuse, la famille, la destruction de la création ou encore l'unité de l'Europe. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, le Pape et le patriarche de Moscou souhaitent, dans leur déclaration commune, que leur rencontre contribue au rétablissement de l’unité voulue par Dieu. Dans ce texte, les deux chefs spirituels font part de leur joie de se retrouver « comme des frères dans la foi chrétienne ». Ils reviennent sur l'importance de Cuba, symbole des espoirs du « Nouveau Monde » et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle et théatre de cette rencontre. «Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de l’unité voulue par Dieu» écrivent-ils, faisant part de leur détermination commune à entreprendre tout ce qui est nécessaire pour surmonter les divergences historiques, et à répondre ensemble aux défis du monde contemporain. Eviter une nouvelle guerre mondiale La déclaration revient aussi de façon précise sur la situation des Chrétiens persécutés surtout au Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord : des chrétiens exterminés par familles et villages entiers, des églises détruites et pillées de façon barbare, des objets sacrés profanés, et évoquent l'exode massif qui a transformé l'Irak et la Syrie. Le Pape et le patriarche de Moscou appellent la communauté internationale à trouver des actions urgentes pour faire cesser ces persécutions, mais l'invitent aussi à tout faire pour mettre fin au terrorisme et à trouver des solutions pour rétablir la paix. Toutes les parties sont par ailleurs invitées à agir de façon responsable et prudente et les croyants sont exhortés à prier pour que Dieu protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale, écrivent-ils. Dans ce texte, les Églises catholique et orthodoxe russe sont également préoccupées par la situation qui prévaut dans les sociétés sécularisées où la liberté religieuse est menacée, où les chrétiens n’ont plus le droit de témoigner de leurs convictions religieuses. Ils se déclarent convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Le Pape François et le Patriarche Cyrille espèrent que leur rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent entre gréco-catholiques et orthodoxes. À propos de l’Ukraine, ils appellent leurs Églises à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s’abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit. Après avoir signé chacun le texte, le Pape et Cyrille ont prononcé à tour de rôle quelques paroles improvisées. «Nous nous sommes parlé comme des frères, nous avons le même baptême, nous sommes des évêques» a relevé François, soulignant «avoir senti la consolation de l'Esprit au cours de cet entretien»: de son côté, le patriarche russe a souligné que cette discussion «a montré que les deux Églises peuvent travailler ensemble pour défendre le christianisme dans le monde entier, afin qu'il n'y ait plus de guerre et que la vie humaine soit respectée». le texte intégral de cette déclaration commune : - Spoiler:
«La grâce de Notre Seigneur JESUS Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec vous tous» (2 Co 13, 13). 1. Par la volonté de Dieu le Père de qui vient tout don, au nom de Notre Seigneur JESUS Christ et avec le secours de l'Esprit Saint Consolateur, nous, Pape François et Kirill, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, nous sommes rencontrés aujourd'hui à La Havane. Nous rendons grâce à Dieu, glorifié en la Trinité, pour cette rencontre, la première dans l'histoire. Avec joie, nous nous sommes retrouvés comme des frères dans la foi chrétienne qui se rencontrent pour se «parler de vive voix» (2 Jn 12), de coeur à coeur, et discuter des relations mutuelles entre les Eglises, des problèmes essentiels de nos fidèles et des perspectives de développement de la civilisation humaine. 2. Notre rencontre fraternelle a eu lieu à Cuba, à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud, entre l'Est et l'Ouest. De cette île, symbole des espoirs du «Nouveau Monde» et des événements dramatiques de l'histoire du XXe siècle, nous adressons notre parole à tous les peuples d'Amérique latine et des autres continents. Nous nous réjouissons de ce que la foi chrétienne se développe ici de façon dynamique. Le puissant potentiel religieux de l'Amérique latine, sa tradition chrétienne séculaire, réalisée dans l'expérience personnelle de millions de personnes, sont le gage d'un grand avenir pour cette région. 3. Nous étant rencontrés loin des vieilles querelles de l'«Ancien Monde», nous sentons avec une force particulière la nécessité d'un labeur commun des catholiques et des orthodoxes, appelés, avec douceur et respect, à rendre compte au monde de l'espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15). 4. Nous rendons grâce à Dieu pour les dons que nous avons reçus par la venue au monde de son Fils unique. Nous partageons la commune Tradition spirituelle du premier millénaire du christianisme. Les témoins de cette Tradition sont la Très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, et les saints que nous vénérons. Parmi eux se trouvent d'innombrables martyrs qui ont manifesté leur fidélité au Christ et sont devenus «semence de chrétiens». 5. Malgré cette Tradition commune des dix premiers siècles, catholiques et orthodoxes, depuis presque mille ans, sont privés de communion dans l'Eucharistie. Nous sommes divisés par des blessures causées par des conflits d'un passé lointain ou récent, par des divergences, héritées de nos ancêtres, dans la compréhension et l'explicitation de notre foi en Dieu, un en Trois Personnes - Père, Fils et Saint Esprit. Nous déplorons la perte de l'unité, conséquence de la faiblesse humaine et du péché, qui s'est produite malgré la Prière sacerdotale du Christ Sauveur: «Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous» (Jn 17, 21). 6. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu, pour laquelle le Christ a prié. Puisse notre rencontre inspirer les chrétiens du monde entier à prier le Seigneur avec une ferveur renouvelée pour la pleine unité de tous ses disciples! Puisse-t-elle, dans un monde qui attend de nous non pas seulement des paroles mais des actes, être un signe d'espérance pour tous les hommes de bonne volonté! 7. Déterminés à entreprendre tout ce qui nécessaire pour surmonter les divergences historiques dont nous avons hérité, nous voulons unir nos efforts pour témoigner de l'Evangile du Christ et du patrimoine commun de l'Eglise du premier millénaire, répondant ensemble aux défis du monde contemporain. Orthodoxes et catholiques doivent apprendre à porter un témoignage unanime à la vérité dans les domaines où cela est possible et nécessaire. La civilisation humaine est entrée dans un moment de changement d'époque. Notre conscience chrétienne et notre responsabilité pastorale ne nous permettent pas de rester inactifs face aux défis exigeant une réponse commune. 8. Notre regard se porte avant tout vers les régions du monde où les chrétiens subissent la persécution. En de nombreux pays du Proche Orient et d'Afrique du Nord, nos frères et soeurs en Christ sont exterminés par familles, villes et villages entiers. Leurs églises sont détruites et pillées de façon barbare, leurs objets sacrés sont profanés, leurs monuments, détruits. En Syrie, en Irak et en d'autres pays du Proche Orient, nous observons avec douleur l'exode massif des chrétiens de la terre d'où commença à se répandre notre foi et où ils vécurent depuis les temps apostoliques ensemble avec d'autres communautés religieuses. Nous appelons la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l'éviction des chrétiens du Proche Orient. 9. Nous appelons la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l'éviction des chrétiens du Proche Orient. Elevant notre voix pour défendre les chrétiens persécutés, nous compatissons aussi aux souffrances des fidèles d'autres traditions religieuses devenus victimes de la guerre civile, du chaos et de la violence terroriste. 10. En Syrie et en Irak, la violence a déjà emporté des milliers de vies, laissant des millions de gens sans abri ni ressources. Nous appelons la communauté internationale à mettre fin à la violence et au terrorisme et, simultanément, à contribuer par le dialogue à un prompt rétablissement de la paix civile. Une aide humanitaire à grande échelle est indispensable aux populations souffrantes et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Nous demandons à tous ceux qui pourraient influer sur le destin de ceux qui ont été enlevés, en particulier des Métropolites d'Alep Paul et Jean Ibrahim, séquestrés en avril 2013, de faire tout ce qui est nécessaire pour leur libération rapide. 11. Nous élevons nos prières vers le Christ, le Sauveur du monde, pour le rétablissement sur la terre du Proche Orient de la paix qui est «le fruit de la justice» (Is 32, 17), pour que se renforce la coexistence fraternelle entre les diverses populations, Eglises et religions qui s'y trouvent, pour le retour des réfugiés dans leurs foyers, la guérison des blessés et le repos de l'âme des innocents tués. Nous adressons un fervent appel à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu'elles fassent preuve de bonne volonté et s'asseyent à la table des négociations. Nous adressons un fervent appel à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu'elles fassent preuve de bonne volonté et s'asseyent à la table des négociations. Dans le même temps, il est nécessaire que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme à l'aide d'actions communes, conjointes et coordonnées. Nous faisons appel à tous les pays impliqués dans la lutte contre le terrorisme pour qu'ils agissent de façon responsable et prudente. Nous exhortons tous les chrétiens et tous les croyants en Dieu à prier avec ferveur le Dieu Créateur du monde et Provident, qu'il protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale. Pour que la paix soit solide et durable, des efforts spécifiques sont nécessaires afin de redécouvrir les valeurs communes qui nous unissent, fondées sur l'Evangile de Notre Seigneur JESUS Christ. 12. Nous nous inclinons devant le martyre de ceux qui, au prix de leur propre vie, témoignent de la vérité de l'Evangile, préférant la mort à l'apostasie du Christ. Nous croyons que ces martyrs de notre temps, issus de diverses Eglises, mais unis par une commune souffrance, sont un gage de l'unité des chrétiens. A vous qui souffrez pour le Christ s'adresse la parole de l'apôtre: «Très chers!… dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de Sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l'allégresse» (1 P 4, 12-13). Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu, «car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix». 13. En cette époque préoccupante est indispensable le dialogue interreligieux. Les différences dans la compréhension des vérités religieuses ne doivent pas empêcher les gens de fois diverses de vivre dans la paix et la concorde. Dans les circonstances actuelles, les leaders religieux ont une responsabilité particulière pour éduquer leurs fidèles dans un esprit de respect pour les convictions de ceux qui appartiennent à d'autres traditions religieuses. Les tentatives de justifications d'actions criminelles par des slogans religieux sont absolument inacceptables. Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu, «car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix» (1 Co 14, 33). 14. Attestant de la haute valeur de la liberté religieuse, nous rendons grâce à Dieu pour le renouveau sans précédent de la foi chrétienne qui se produit actuellement en Russie et en de nombreux pays d'Europe de l'Est, où des régimes athées dominèrent pendant des décennies. Aujourd'hui les fers de l'athéisme militant sont brisés et en de nombreux endroits les chrétiens peuvent confesser librement leur foi. En un quart de siècle ont été érigés là des dizaines de milliers de nouvelles églises, ouverts des centaines de monastères et d'établissements d'enseignement théologique. Les communautés chrétiennes mènent une large activité caritative et sociale, apportant une aide diversifiée aux nécessiteux. Orthodoxes et catholiques oeuvrent souvent côte à côte. Ils attestent des fondements spirituels communs de la convivance humaine, en témoignant des valeurs évangéliques. 15. Dans le même temps, nous sommes préoccupés par la situation de tant de pays où les chrétiens se heurtent de plus en plus souvent à une restriction de la liberté religieuse, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles. En particulier, nous voyons que la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangère à toute référence à Dieu et à sa vérité, constitue un sérieux danger pour la liberté religieuse. Nous sommes préoccupés par la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire de leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l'idéologie d'un sécularisme si souvent agressif, s'efforcent de les pousser aux marges de la vie publique. 16. Le processus d'intégration européenne, initié après des siècles de conflits sanglants, a été accueilli par beaucoup avec espérance, comme un gage de paix et de sécurité. Cependant, nous mettons en garde contre une intégration qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses. Tout en demeurant ouverts à la contribution des autres religions à notre civilisation, nous sommes convaincus que l'Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Nous appelons les chrétiens européens d'Orient et d'Occident à s'unir pour témoigner ensemble du Christ et de l'Evangile, pour que l'Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne. La consommation sans limite, que l'on constate dans certains pays plus développés, épuise progressivement les ressources de notre planète. 17. Notre regard se porte sur les personnes se trouvant dans des situations de détresse, vivant dans des conditions d'extrême besoin et de pauvreté, alors même que croissent les richesses matérielles de l'humanité. Nous ne pouvons rester indifférents au sort de millions de migrants et de réfugiés qui frappent à la porte des pays riches. La consommation sans limite, que l'on constate dans certains pays plus développés, épuise progressivement les ressources de notre planète. L'inégalité croissante dans la répartition des biens terrestres fait croître le sentiment d'injustice à l'égard du système des relations internationales qui s'est institué. 18. Les Eglises chrétiennes sont appelées à défendre les exigences de la justice, le respect des traditions des peuples et la solidarité effective avec tous ceux qui souffrent. Nous, chrétiens, ne devons pas oublier que «ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s'enorgueillir devant Dieu» (1 Co 1, 27-29). 19. La famille est le centre naturel de la vie humaine et de la société. Nous sommes inquiets de la crise de la famille dans de nombreux pays. Orthodoxes et catholiques, partageant la même conception de la famille, sont appelés à témoigner que celle-ci est un chemin de sainteté, manifestant la fidélité des époux dans leurs relations mutuelles, leur ouverture à la procréation et à l'éducation des enfants, la solidarité entre les générations et le respect pour les plus faibles. 20. La famille est fondée sur le mariage, acte d'amour libre et fidèle d'un homme et d'une femme. L'amour scelle leur union, leur apprend à se recevoir l'un l'autre comme don. Le mariage est une école d'amour et de fidélité. Nous regrettons que d'autres formes de cohabitation soient désormais mises sur le même plan que cette union, tandis que la conception de la paternité et de la maternité comme vocation particulière de l'homme et de la femme dans le mariage, sanctifiée par la tradition biblique, est chassée de la conscience publique. 21. Nous appelons chacun au respect du droit inaliénable à la vie. Des millions d'enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu (cf. Gn 4, 10). Le développement de la prétendue euthanasie conduit à ce que les personnes âgées et les infirmes commencent à se sentir être une charge excessive pour leur famille et la société en général. Nous sommes aussi préoccupés par le développement des technologies de reproduction biomédicale, car la manipulation de la vie humaine est une atteinte aux fondements de l'existence de l'homme, créé à l'image de Dieu. Nous estimons notre devoir de rappeler l'immuabilité des principes moraux chrétiens, fondés sur le respect de la dignité de l'homme appelé à la vie, conformément au dessein de son Créateur. 22. Nous voulons adresser aujourd'hui une parole particulière à la jeunesse chrétienne. A vous, les jeunes, appartient de ne pas enfouir le talent dans la terre (cf. Mt 25, 25), mais d'utiliser toutes les capacités que Dieu vous a données pour confirmer dans le monde les vérités du Christ, pour incarner dans votre vie les commandements évangéliques de l'amour de Dieu et du prochain. Ne craignez pas d'aller à contre-courant, défendant la vérité divine à laquelle les normes séculières contemporaines sont loin de toujours correspondre. 23. Dieu vous aime et attend de chacun de vous que vous soyez ses disciples et apôtres. Soyez la lumière du monde, afin que ceux qui vous entourent, voyant vos bonnes actions, rendent gloire à votre Père céleste (cf. Mt 5, 14, 16). Eduquez vos enfants dans la foi chrétienne, transmettez-leur la perle précieuse de la foi (cf. Mt 13, 46) que vous avez reçue de vos parents et aïeux. N'oubliez pas que vous «avez été rachetés à un cher prix» (1 Co 6, 20), au prix de la mort sur la croix de l'Homme-Dieu JESUS Christ. 24. Orthodoxes et catholiques sont unis non seulement par la commune Tradition de l'Eglise du premier millénaire, mais aussi par la mission de prêcher l'Evangile du Christ dans le monde contemporain. Cette mission implique le respect mutuel des membres des communautés chrétiennes, exclut toute forme de prosélytisme. Nous ne sommes pas concurrents, mais frères: de cette conception doivent procéder toutes nos actions les uns envers les autres et envers le monde extérieur. Nous exhortons les catholiques et les orthodoxes, dans tous les pays, à apprendre à vivre ensemble dans la paix, l'amour et à avoir «les uns pour les autres la même aspiration» (Rm 15, 5). Il ne peut donc être question d'utiliser des moyens indus pour pousser des croyants à passer d'une Eglise à une autre, niant leur liberté religieuse ou leurs traditions propres. Nous sommes appelés à mettre en pratique le précepte de l'apôtre Paul: «Je me suis fait un honneur d'annoncer l'Évangile là où Christ n'avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d'autrui» (Rm 15, 20). 25. Nous espérons que notre rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent entre gréco-catholiques et orthodoxes. Il est clair aujourd'hui que la méthode de l'«uniatisme» du passé, comprise comme la réunion d'une communauté à une autre, en la détachant de son Eglise, n'est pas un moyen pour recouvrir l'unité. Cependant, les communautés ecclésiales qui sont apparues en ces circonstances historiques ont le droit d'exister et d'entreprendre tout ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles, recherchant la paix avec leurs voisins. Orthodoxes et gréco-catholiques ont besoin de se réconcilier et de trouver des formes de coexistence mutuellement acceptables. 26. Nous déplorons la confrontation en Ukraine qui a déjà emporté de nombreuses vies, provoqué d'innombrables blessures à de paisibles habitants et placé la société dans une grave crise économique et humanitaire. Nous exhortons toutes les parties du conflit à la prudence, à la solidarité sociale, et à agir pour la paix. Nous appelons nos Eglises en Ukraine à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s'abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit. 27. Nous exprimons l'espoir que le schisme au sein des fidèles orthodoxes d'Ukraine sera surmonté sur le fondement des normes canoniques existantes, que tous les chrétiens orthodoxes d'Ukraine vivront dans la paix et la concorde et que les communautés catholiques du pays y contribueront, de sorte que soit toujours plus visible notre fraternité chrétienne. 28. Dans le monde contemporain, multiforme et en même temps uni par un même destin, catholiques et orthodoxes sont appelés à collaborer fraternellement en vue d'annoncer la Bonne Nouvelle du salut, à témoigner ensemble de la dignité morale et de la liberté authentique de la personne, «pour que le monde croie» (Jn 17, 21). Ce monde, dans lequel disparaissent progressivement les piliers spirituels de l'existence humaine, attend de nous un fort témoignage chrétien dans tous les domaines de la vie personnelle et sociale. De notre capacité à porter ensemble témoignage de l'Esprit de vérité en ces temps difficiles dépend en grande partie l'avenir de l'humanité. 29. Que dans le témoignage hardi de la vérité de Dieu et de la Bonne Nouvelle salutaire nous vienne en aide l'Homme-Dieu JESUS Christ, notre Seigneur et Sauveur, qui nous fortifie spirituellement par sa promesse infaillible: «Sois sans crainte, petit troupeau: votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume» (Lc 12, 32)! Le Christ est la source de la joie et de l'espérance. La foi en Lui transfigure la vie de l'homme, la remplit de sens. De cela ont pu se convaincre par leur propre expérience tous ceux à qui peuvent s'appliquer les paroles de l'apôtre Pierre: «Vous qui jadis n'étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n'obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde» (1 P 2, 10). 30. Remplis de gratitude pour le don de la compréhension mutuelle manifesté lors de notre rencontre, nous nous tournons avec espérance vers la Très Sainte Mère de Dieu, en l'invoquant par les paroles de l'antique prière: «Sous l'abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu». Puisse la Bienheureuse Vierge Marie, par son intercession, conforter la fraternité de ceux qui la vénèrent, afin qu'ils soient au temps fixé par Dieu rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu, à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité! Le 12 février 2016, à La Havane (Cuba)
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