Visite en images d’un zoo de Riyad, véritable "musée des horreurs"
Le lion décharné et immobile du zoo Hadiqat Abu Jarra.
Une Observatrice installée à Riyad a visité l'un des zoos de la capitale saoudienne. Sur place, les scènes auxquelles elle a assisté dépassaient largement la mauvaise réputation du lieu.
Laylah s’est rendue en février au zoo Hadiqat Abu Jarra, situé à l’intérieur du parc d’attractions Fantasy Land Amusement Park sur Thumamah Road, à Riyad. Un endroit qu’elle décrit comme une sorte de 'musée des horreurs' où lions, tigres, ours, hyènes et autres animaux sauvages aux silhouettes rachitiques vivent enfermés dans des cages exiguës, visiblement en manque d’eau et de nourriture.
Après cette triste visite, la blogueuse avait envoyé ses photos à un groupe Facebook militant pour la fermeture du zoo. Les autorités n’ayant pas réagi depuis, elle a reposté intégralement son billet sur son blog il y a deux semaines et signé une pétition en ligne. Signé par des centaines de personnes, le texte réclame la fermeture du zoo ainsi qu'une relocalisation des animaux dans un lieu où ils pourraient recevoir un traitement décent. Il insiste par ailleurs sur le fait que d’après les préceptes de l’islam, il est interdit de faire commerce des animaux ou de les maltraiter.
France 24 a essayé de joindre la direction du zoo et publiera la réaction dès que nous aurons une réponse.
Contributeurs
Laylah
"Un ensemble de cages exiguës entreposées les unes contre les autres"
Laylah a posté ce commentaire sur son blog.
On m’avait souvent parlé des maltraitances infligées aux animaux au zoo Hadiqat Abu Jarrah, mais quand je m’y suis rendue, je me suis aperçue que la situation était pire que je ne pouvais l’imaginer. De toute ma vie, je n’avais jamais vu des animaux traités avec autant de cruauté. Même dans des régions d’Afrique extrêmement reculées où j’ai vécu, je n’avais pas vu une telle misère. Et nous sommes pourtant en Arabie saoudite, l’un des pays les plus riches au monde, et, qui plus est, une terre où les préceptes islamiques sont censés être rigoureusement appliqués.
Photo de l'entrée du zoo.
Un tel lieu pourrait laisser penser que l’islam encourage la torture et les actes de cruauté envers les animaux. Or, de nombreux hadith [citations du prophète Mohammed] incitent à l’inverse les musulmans à respecter tous les êtres vivants et à être bienveillants envers eux.
En fait de zoo, Hadiqa Abu Jarrah n’est qu’un ensemble de cages exiguës entreposées les unes contre les autres. […] Les animaux n’ont rien à faire dans leurs cages.
"Il n’y avait aucune information sur l’origine de ces animaux, mais il est évident que beaucoup ont été amenés illégalement dans le pays"
Tous sont maigres et paraissent malades. Les cages où ils sont enfermés sont en extérieur, posées dans une sorte d’entrepôt à ciel ouvert [...] Le plus choquant est le fait que des animaux aussi grands que des grizzlis ou des lions adultes soient enfermées dans des cages aussi étroites, dont ils ne sortent d’ailleurs jamais [...].
À l’entrée du zoo, il y a plusieurs photos du propriétaire "Abu Jarrah" qui pose à côté de ses bêtes. On a vraiment l’impression que les animaux ne sont sortis que pour la photo. Mais le reste du temps, ils sont oubliés. Seul un gardien, à qui nous avons parlé, est là pour s’occuper d’eux.
Hyènes tournant frénétiquement en rond dans leur cage.
Il y a quelques années, le propriétaire des animaux a décidé d’ouvrir ce zoo et ces bêtes, qui vivaient auparavant dans sa ferme, ont atterri dans ces cages de torture. Les visiteurs peuvent venir les voir pour 20 riyals [60 riyals avec l’entrée du parc, soit 12 euros au total]. Il n’y a d’ailleurs aucune information sur l’origine de ces animaux, mais il est clair que beaucoup ont été amenés illégalement dans le pays.
Abu Jarrah est propriétaire de ce grizzli depuis 10 ans. On nous a expliqué qu’il avait été amené illégalement des États-Unis par des trafiquants qui l’ont fait passer pour un bébé. Aux États-Unis, le trafic d’espèces rares est un délit passible de prison. Mais l’Arabie saoudite n’a pas de loi de protection des animaux et les textes qui interdisent le trafic d’espèces rares ne sont clairement pas appliqués. Il suffit d’aller dans n’importe quel magasin d’animaux de compagnie du royaume pour s’en rendre compte […].
Le pauvre grizzli n’est jamais sorti, sauf pour la séance photo avec Abu Jarrah. Le gardien était d’ailleurs effrayé à l’idée d’ouvrir la cage. Pourtant, ces bêtes ont besoin de se déplacer, d'être en contact avec d’autres animaux, mais aussi d’hiberner. Je pense que celui-ci n’a jamais rien connu de tel.
Cette magnifique lionne rêve certainement d’Afrique. Le gardien nous a expliqué qu’il avait déjà fait sortir les lions dans une zone définie à l’arrière du zoo. Je lui ai demandé de recommencer, mais il a refusé catégoriquement, expliquant qu’il l’avait fait une fois devant une journaliste et qu’elle s’était fait attaquer violemment. Il a ajouté que c’était quasiment impossible ensuite de faire entrer le lion dans sa cage. On se demande pourquoi !
Un bébé singe dans sa cage, attaché à une corde.
[…] Ce musée des horreurs me hante. Je suis entrée en contact avec un groupe Facebook d’activistes vivant dans le royaume. Er7amni Animal Rights Group tente aussi d’aider. Des lettres ont été envoyées au ministère de l’Agriculture. Mais rien ne s’est passé depuis."
"Ces animaux mangent, dorment et font leurs besoins dans cet espace exigu", indique Laylah.
Honte