Quand il viendra dans sa gloire - Christ roi A
Fête du Christ Roi, année A. Dieu tourne le mal en bien. Un commentaire des lectures bibliques (Ézéchiel 34,11-12.15-17 ; Psaume 22 ; 1 Corinthiens 15,20-26.28 ; Matthieu 25,31-46) par Marcel Domergue, jésuite.
La métaphore de la royauté de Dieu et du Christ veut nous dire que nous allons vers un univers de liberté. Le roi est celui qui exerce le pouvoir, mais pour l'instant nous sommes soumis à des puissances et dominations qui nous oppriment : le Royaume de Dieu, la royauté du Christ, le triomphe de l'amour, tout cela est au futur, comme, remarquons-le, nos trois lectures. En attendant, le Christ est là, dans ce pauvre, ce malade, cet affamé, ce prisonnier, ce dépouillé. Il est là et pas ailleurs. Si la royauté est pouvoir, ce sont les nécessiteux qui ont aujourd'hui pouvoir sur nous. Tous les crucifiés d'une façon ou d'une autre. Ce pouvoir ne s'impose pas : il est appel. Rien en effet ne peut advenir sans être accueilli par notre liberté, cette liberté qui nous fait image et ressemblance de Dieu. Nous venons d'entendre et d'admirer cet évangile, mais qu'allons-nous faire en retournant à notre quotidien ? Qu'allons-nous décider ? La venue du Christ dans sa gloire, pour l'instant, passe par nous qui avons et par ceux qui n'ont pas. Elle réside dans notre relation à ces frères démunis. Leur précarité met au monde le pouvoir royal du Christ. Certes, l'aumône garde sa valeur, surtout si elle s'accompagne d'une attention à la personne, mais notre obéissance au pouvoir royal des démunis passe aussi, et plus efficacement, par l'activité professionnelle, le social, le politique… Même ceux qui vont au secours des «pauvres» par générosité spontanée se trouvent, sans le savoir, en présence et sous la mouvance du Christ. Revenons à l'évangile : «J'avais faim et vous m'avez donné à manger» sans vous en douter, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits.
Avec le pire, Dieu fait le meilleur
Ce qui est royal et qui doit finir par donner forme à l'humanité entière, par s'imposer, c'est le don de soi pour faire vivre les autres. Élevé de terre sur sa croix, le Christ doit finir par attirer le regard et inspirer le comportement de tous les hommes. Bien plus, nous avons tous à nous intégrer à lui pour ne former en lui qu'un seul corps, animé par un seul Esprit. Ainsi, nous devenons «héritiers du Royaume», participants à la royauté du Christ, royauté qui s'impose à tout ce qui nous est contraire, à tout ce qui ruine en nous l'humanité : le malheur subi et le mal commis, dont la crucifixion est l'expression indépassable. Nous voici de nouveau au pied de l'arbre, dans la confusion initiale entre le bien et le mal, mais le Christ, «Fils de l'homme», prend le pouvoir sur le mauvais pour lui faire produire le meilleur, que nous appelons «le salut». Telle est la Royauté du Christ, dont nous sommes les héritiers. La Croix devient trône royal et tout le nuisible que nous commettons ou avons à supporter est condamné à mettre au monde le meilleur. En Éphésiens 5, 13-14, Paul dit que le pire vient à la lumière, mais que tout ce qui vient à la lumière devient lumière. C'est bien ce qui se passe à la Croix, et nous voici en présence du pouvoir «royal», du pouvoir absolu : aucun autre pouvoir ne peut le dépasser ; ni aller jusque-là. Quand nous disons «Christ-Roi», le mot «roi» n'a donc pas son sens habituel. Comme JESUS le dit à Pilate en Jean 18,36, son Royaume n'est pas de ce monde. Il n'est pas conquis par la force, le prestige, la richesse mais par l'obéissance jusqu'à la mort de la croix. C'est alors qu'il peut recevoir le nom qui est au-dessus de tout nom et que tous les hommes peuvent le déclarer «Seigneur». Relisons Philippiens 2,5-11.
Père Marcel Domergue, jésuite
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