Nuage radioactif détecté en France. Un accident nucléaire en Russie ? Modifié le 10/11/2017 à 22:46 | Publié le 10/11/2017 à 13:06
- La détection d'un produit radioactif en France entre fin septembre et la mi-octobre, résulte probablement d'un accident nucléaire survenu en Russie ou au Kazakhstan. | Reuter
La détection d’un produit radioactif en France - et dans l’atmosphère d’une majorité des pays européens -, entre fin septembre et la mi-octobre, résulte probablement d’un accident nucléaire survenu en Russie, ou peut-être au Kazakhstan. C'est ce qu'indiquent les conclusions d’une enquête de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) publiées ce jeudi.
Personne n’a oublié en France le nuage de Tchernobyl, en avril 1986, et son « respect » pour nos frontières. Cette fois, en tout cas, un nuage radioactif a bel et bien franchi l’espace aérien d’une bonne partie de l’Europe, dont la France, entre fin septembre et la mi-octobre.
Du ruthénium-106, un produit de fission issu de l’industrie nucléaire par ailleurs utilisé dans le domaine médical, a été détecté dès fin septembre par plusieurs réseaux européens de surveillance, rappelle l’établissement public dans une note d’information.
Entre la Volga et l’Oural
Tout en excluant la possibilité d’un rejet issu d’un réacteur nucléaire - qui se serait traduit par la présence d’autres radionucléides -, l’IRSN a retenu l’hypothèse d’un rejet par
« des installations du cycle du combustible nucléaire ou de fabrication de sources radioactives ».
À partir des conditions météorologiques fournies par Météo France et des mesures disponibles dans les pays européens, l’institut a réalisé des simulations selon lesquelles
« la zone de rejet la plus plausible se situe entre la Volga et l’Oural sans qu’il ne soit possible, avec les données disponibles, de préciser la localisation exacte du point de rejet ».
« Les autorités russes ont dit ne pas être au courant d’un accident sur leur territoire », a déclaré à Reuters Jean-Marc Péres, directeur général adjoint de l’IRSN en charge de la santé et de l’environnement, ajoutant que l’institut n’avait pas encore été en contact avec le Kazakhstan.
La quantité rejetée « est très importante »
Une porte-parole du ministère russe des situations d’urgence n’a pas été en mesure de commenter ces informations à ce stade et les autorités kazakhes n’ont pas pu être jointes dans l’immédiat.
Tout en rappelant que les niveaux de concentration dans l’air en ruthénium-106 relevés en Europe et a fortiori en France étaient sans conséquence pour la santé humaine et pour l’environnement, l’IRSN souligne que, pour la zone probable d’origine, la quantité rejetée
« est très importante ».
« Du fait des quantités rejetées, les conséquences d’un accident de cette ampleur en France auraient nécessité localement de mettre en œuvre des mesures de protection des populations sur un rayon de l’ordre de quelques kilomètres autour du lieu de rejet », ajoute-t-il.
Des champignons contaminés
Le risque de dépassement des niveaux admissibles de radioactivité pour les denrées alimentaires à proximité du lieu de l’accident a en outre conduit l’IRSN à étudier le scénario d’une importation de ces denrées.
L’IRSN juge cependant que
« la probabilité d’un scénario qui verrait l’importation en France de denrées (notamment des champignons) contaminées par du ruthénium-106 à proximité de la source de rejet est extrêmement faible » et que
« le risque sanitaire potentiel lié à ce scénario est lui aussi très faible », des contrôles systématiques n’étant donc pas jugés nécessaires.
Le ruthénium-106 n’est aujourd’hui plus détecté en Europe.
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