La justice indienne se penche sur le divorce express chez les musulmansOlivier Tallès, le 12/05/2017 à 17h19
Chez les musulmans indiens, une pratique permet à un mari de dire trois fois « je divorce » pour se séparer de son épouse. Un collectif de femme a engagé un recours devant le Cours suprême.
Un couple indien nouvellement marié Rohit Aggarwal (C) et Shally Aggarwal sont surveillés par des proches alors qu'ils parlent après avoir visité un temple à New Delhi le 16 février 2017. / Prakash Singh/AFP
L’affaire est une illustration des tensions qui traversent l’Inde dirigée par le premier ministre Narendra Modi, issu du parti nationaliste hindou (BJP). Un collectif de femmes musulmanes a engagé un recours auprès de la Cour suprême contre la répudiation.
En Inde, il suffit aujourd’hui à un musulman de prononcer trois fois le mot « je divorce » (« talaq, talaq, talaq ») pour quitter son épouse. Des médias se sont fait écho de cas de divorces par lettre, messagerie Skype ou même message Whatsapp en Inde.
Cette pratique, interdite dans la plupart des pays musulmans, serait une interprétation erronée du Coran qui prévoit une procédure de divorce en 90 jours à partir de la prononciation du premier Talaq, un délai de 30 jours devant être observé entre chaque talaq afin de laisser le temps à la réflexion et à la réconciliation.
Le soutien des nationalistes hindous
Le gouvernement du premier ministre Narendra Modi soutient la réforme de cet usage, l’estimant inconstitutionnel et discriminatoire envers les femmes. Les nationalistes hindous militent par ailleurs de longue date pour un Code civil uniformisé.
Mais cette prise de position du pouvoir a eu pour effet d’unir des musulmans modérés et radicaux. La communauté qui compte 155 millions d’habitants en Inde craint que les fondamentalistes hindous n’en profitent pour réclamer l’abolition de la loi spécifique aux musulmans.
Dans cette démocratie laïque à majorité hindoue, les minorités religieuses sont en effet gouvernées par le droit spécifique de leur religion notamment pour les questions touchant à la famille, une mesure destinée à assurer la liberté religieuse.
« Le triple talaq est répréhensible et nous nous sommes exprimés contre son usage, mais nous voulons que la Cour et le gouvernement restent à l’écart », a déclaré à l’Agence France-Presse Zafaryab Jilani, de l’« All India Muslim Personal Law Board », une association d’organisations musulmanes.
La Cour suprême a entamé jeudi 11 mai l’examen du recours déposé par le collectif de femmes. La décision attendue à partir du 16 mai dépendra des conclusions de cinq juges des principales religions d’Inde – hindouisme, islam, christianisme, sikhisme et zoroastrisme.
Olivier Tallès
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