Mort d’un grand maître soufi marocainAnne-Bénédicte Hoffner, le 19/01/2017 à 15h54
Sidi Hamza al Qâdiri al Boutchichi, chef de la confrérie soufie Boutchichya, était considéré comme « un maître vivant » par ses fidèles. Son fils aîné devrait lui succéder.
Considéré comme un « maître vivant », Sidi Hamza al Qâdiri al Boutchichi, maître actuel de la confrérie soufie Boutchichya, est décédé mercredi 18 janvier au Maroc à l’âge de 95 ans.
La tariqa (confrérie) boutchichiya est née au milieu du XVIIIe siècle, dans le nord-est du Maroc. Elle constitue l’une des branches de la confrérie Qadirya, fondée au XIème siècle à Bagdad. Sidi Hamza a pris la tête de cette confrérie très populaire au Maroc après le décès de son père en 1972 et a soutenu son essor.
« Feu cheikh Hamza (…) réussit à transformer la confrérie soufie en véritable institution : antennes régionales et provinciales, ancrage africain, correspondances internationales, administration rationnelle, levées de fonds structurelles, communication, même par la discrétion, très pointue et politique de recrutement ciblée », indique le site marocain L’Economiste.com. Il souligne qu’elle compte parmi ses disciples « des personnalités de renommée, allant de ministres aux stars de cinéma et du sport, en passant par les professionnels des médias, les grands chirurgiens et les hommes d’affaires ».
Train de vie
Le journal reconnaît aussi que, dans sa région d’origine, « le train de vie de la zaouïa a rendu (la population) méfiante ». Au Maghreb comme dans le reste de l’Afrique, les confréries soufies sont souvent, grâce aux dons, de riches propriétaires terriens.
Depuis une trentaine d’années, et là encore comme d’autres de ses consœurs, la tariqa boutchichiya s’est beaucoup développée dans des pays occidentaux, en France – ses membres ont été photographiés lors de la marche républicaine après l’attentat de Charlie Hebdo –, aux États-Unis et jusqu’en Australie.
Son guide spirituel a également réformé et simplifié la pratique requise de ses membres.
Reconnaissance du roi
Conformément à la tradition, le défunt aurait désigné son fils aîné, Sidi Jamal, pour lui succéder. Selon le porte-parole de la confrérie, cité par le site marocain Telquel, la confrérie « persévérera dans les constantes qui l’ont définie, à savoir’la reconnaissance de la Commanderie des croyants et du pouvoir spirituel’ » du roi du Maroc. La confrérie s’est caractérisée ces dernières années par un soutien appuyé au régime marocain.
En opposition avec cette ligne, l’un de ses anciens membres, le populaire prédicateur Abdessalam Yassine (1928-2012), l’avait d’ailleurs quittée pour fonder son propre mouvement, Al Adl Wa Al Ihssane, en lui ajoutant une dimension politique contestataire.
Anne-Bénédicte Hoffner
- Spoiler:
http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Carnet/Mort-dun-grand-maitre-soufi-marocain-2017-01-19-1200818508