Des Tunisiennes enrôlées pour «le jihad sexuel» en Syrie
Damas.
18.07.2013, 14h50 | Mise à jour : 21h44
Au moins treize jeunes Tunisiennes auraient rejoint les rebelles du nord de la Syrie. Leur projet ? S'offrir comme travailleuses sexuelles pour les combattants de l'opposition. Depuis des mois, la presse tunisienne dénonce ce phénomène de prostitution déguisée, qui conduit des filles, plus ou moins consentantes, à participer au jihad à travers le sexe.
Une fatwa, attribuée à un chef radical saoudien, Mohamed al-Arifi, et diffusée sur internet, légitime cette forme d'esclavagisme sexuel au nom de «la guerre sainte». Face à l'inquiétude, le ministre tunisien des affaires religieuses a demandé aux Tunisiens de ne pas succomber aux sirènes des prêcheurs islamistes étrangers, qui tentent d'enrôler les filles. Il a vivement condamné cette fatwa, qui n'est pas reconnue par les institutions religieuses.
Des organisations radicales qui sévissent dans les quartiers populaires
Les filles seraient en réalité recrutées par des pseudo-associations caritatives et envoyées sur le «front» syrien. Et les rumeurs circulent, alimentant la tension. Celle par exemple, jamais vérifiée, du couple qui a divorcé pour se rendre en Syrie, et permettre à la jeune séparée de s'engager sexuellement auprès des moudjahidins, est largement relayée. Par ailleurs, une vidéo, partagée sur les réseaux sociaux, a beaucoup ému. Les parents de Rahmah, 17 ans, racontent comment leur fille a disparu un matin. Ils ont appris plus tard qu'elle avait voyagé jusqu'en Syrie pour rejoindre le «jihad sexuel». Depuis, Rahmah est retournée dans sa famille, qui la tient hors de vue. Ses parents affirment qu'elle n'était pas une fanatique, mais qu'elle a été influencée par des étudiants salafistes. Ils lui auraient fait subir un lavage de cerveau.
Pour Al-Hadi Yahmad, spécialiste des groupes islamistes, en Syrie, ces fatwas peuvent pousser les filles à se marier et à consommer leur union, avant de divorcer quelques heures après. Salma al-Raqiq, une figure de l'opposition tunisienne, a taxé «ces mariages du jihad» de véritable disgrâce. Elle dénonce aussi le fait que des filles, parfois mineures, ont été envoyé en Syrie pour se marier avec des moudjahidins pour 24 heures.