Vers la béatification du père Pedro Arrupe
L’ancien préposé général des Jésuites pourrait être prochainement béatifié. L’actuel général des Jésuites, le père Sosa, l’a expliqué dans un message adressé à ses confrères.
Cyprien Viet - Cité du Vatican
Dans une lettre à ses confrères jésuites, l’actuel général des jésuites Arturo Sosa a annoncé la cause de béatification du père Arrupe avait reçu le nihil obstat du Saint-Siège et le consensus des évêques les plus proches de Rome (la cause ayant été ouverte, d’un point de vue géographique, dans le vicariat de Rome), et l’absence d’obstacles de la part du Peuple de Dieu. Ce 5 février 2019, en la cathédrale Saint-Jean-de-Latran aura donc lieu la session qui ouvrira formellement la cause.
«Ces derniers mois, lorsque j’ai partagé cette intention dans les divers lieux où je me suis rendu, j’ai pu vérifier personnellement combien le souvenir et l’héritage du Père Arrupe demeurent vivants. Venues du monde entier, d’éloquentes lettres de postulation, parfois véritablement émouvantes, confirment la présence de ce désir dans divers secteurs de l’Église où est reconnue la réputation de sainteté du Père Arrupe : une réputation spontanée, stable et continue», explique le père Sosa dans sa lettre.
«Un peu partout, des jésuites et des non jésuites ont été témoins des qualités exceptionnelles du Père Arrupe : son désir de réaliser en tout la volonté du Père, son enracinement en JESUS Christ, sa confiance en l’Esprit Saint comme guide de l’Église, sa loyauté à toute épreuve envers le Saint Père, “Vicaire du Christ sur la terre”, son esprit missionnaire, sa fidélité personnelle à notre mode de procéder, sa sensibilité face aux drames sociaux, son amour et sa proximité des pauvres. Le Père Arrupe apparaît de manière éminente comme un homme passionné de Dieu et de l’Église», précise le père Sosa.
Un homme au cœur des fractures de l’Histoire
Le père Pedro Arrupe (1907-1991) fut le préposé général de la Compagnie de JESUS de 1965 à 1981. Après une longue expérience missionnaire au Japon, durant laquelle il fut notamment le témoin du bombardement atomique de Hiroshima en 1945, ce Basque a incarné après son élection en 1965 la réforme post-conciliaire de la Compagnie de JESUS, la faisant sortir d’un cadre souvent perçu comme élitiste pour aller vers un engagement plus social, au service des pauvres, et notamment des migrants. C’est sous son généralat que fut notamment créé le JRS, le Service Jésuite des Réfugiés, un réseau très étendu aujourd’hui et très actif dans le contexte de la crise migratoire et de l’invitation du Saint-Père à ce que les structures de l’Église catholique soient en pointe dans l’accueil, la promotion et l’intégration des migrants et réfugiés.
Si ses initiatives prennent aujourd’hui un relief prophétique, elles n’allèrent pas sans susciter quelques frictions et inquiétudes, dans une période mouvementée de l’histoire de l’Église, et marquée par une diminution sensible du nombre de jésuites en Europe notamment. Victime d’un accident vasculaire cérébral en 1981, le père Arrupe fut amené à se retirer progressivement du gouvernement de la Compagnie, tout en manifestant sa loyauté vis-à-vis du Pape Jean-Paul II avec qui les relations avaient parfois été difficiles. Le Pape François a quant à lui plusieurs fois rendu hommage au père Arrupe, qui
était préposé général quand le père Bergoglio était provincial des Jésuites d’Argentine.
https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2018-11/beatification-pere-arrupe.html