Après une visite de six jours en Allemagne, Benoît XVI est rentré jeudi au Vatican. Mais les propos qu'il a tenus mardi lors d'un discours tenu devant des universitaires et des étudiants de Ratisbonne, le poursuivent. Il n'avait pas hésité à condamner entre les lignes "la Djihad" et les "conversions passant par la violence".
"Choses méchantes et inhumaines"
Après avoir condamné entre les lignes "la Djihad" et les "conversions passant par la violence, il s'était appuyé sur les commentaires d'un professeur d'université, pour établir une distinction claire entre le christianisme et l'islam dans le domaine des rapports entre la raison et la foi. "Pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison", avait-il cité, reprenant la phrase du Coran : "Aucune contrainte en religion".
A l'inverse, faut-il lire dans son raisonnement, la pensée chrétienne, emprunte de philosophie grecque, refuse de "ne pas agir selon la raison", ce qui est "contraire à la nature de Dieu". "Montre-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu ne trouveras que des choses méchantes et inhumaines, comme son ordre de diffuser par les moyens de l'épée la foi qu'il professait", avait ajouté Benoît XVI, citant sans se l'approprier une phrase d'un dialogue du XIVe siècle dans lequel un empereur byzantin s'adresse à un "persan cultivé.
Boubakeur veut une "clarification"
Jeudi, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a fait savoir qu'il souhaitait "que l'Eglise nous donne très rapidement son opinion et clarifie sa position, afin qu'elle ne confonde pas l'islam, qui est une religion révélée, et l'islamisme qui n'est plus de la religion mais une idéologie politique". "Nous croyons au même Dieu, le dieu de la paix, de l'amour et de la miséricorde. L'islam est d'abord tolérance et fraternité. Nous souhaitons des rapports d'amitié avec le christianisme, première religion en Europe. Le pontificat de Benoît XVI doit porter les fruits des efforts de Jean Paul II dans le dialogue inter religieux et l'amitié contre les dangers communs qui menacent tous les croyants à savoir en particulier l'extrémisme, le radicalisme, l'intolérance et la violence", a poursuivi le recteur de la Mosquée de Paris.
Un dirigeant musulman turc a pour sa part dénoncé des déclarations "haineuses et hostiles", un responsable musulman en Italie lui a demandé de retirer ses propos et un dirigeant du Conseil central des musulmans d'Allemagne a estimé que l'Eglise était "mal placée" pour critiquer après s'être "laissée récupérer par le régime nazi". A Islamabad, divers responsables et analystes musulmans pakistanais ont jugé les propos "malheureux", "regrettables", voire "irresponsables". Aux Etats-Unis, la présidente de l'Islamic Society of North america (ISNA), une importante organisation islamique, a qualifié les critiques d'"inexactes et opportunistes".