L’extrême droite en tête au premier tour de l’élection présidentielle en Autriche
LE MONDE | 24.04.2016 à 17h50 • Mis à jour le 25.04.2016 à 08h39
L’extrême droite est arrivée en tête du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 24 avril, en Autriche. Le candidat du Parti libéral d’Autriche (Freiheitliche Partei Österreichs, FPÖ), Norbert Hofer, a recueilli 36,4 % des voix, obtenant le meilleur résultat de cette formation d’extrême droite depuis la seconde guerre mondiale à une élection nationale.
Pour la première fois, un écologiste se hisse au second tour : Alexander Van der Bellen a recueilli 20,4 % des suffrages, aux dépens d’Irmgard Griss, la candidate indépendante (18,5 %). Rudolf Hundstorfer, le candidat du Parti social-démocrate (Sozialistische Partei Österreich, SPÖ), et le conservateur Andreas Khol, du Parti populaire (Österreichische Volkspartei, ÖVP), sont éliminés, avec 11,2 % des voix chacun. Ces deux partis se partageaient le pouvoir depuis 1945.
« C’est un résultat historique, qui reflète les qualités de Norbert Hofer, mais aussi une profonde insatisfaction vis-à-vis du gouvernement », a déclaré Heinz-Christian Strache, le chef du FPÖ, à la télévision publique Österreichischer Rundfunk (ÖRF).
Discret vice-président du Parlement, M. Hofer, 45 ans, se veut une incarnation de l’aile libérale du FPÖ, l’ancienne formation de Jörg Haider, loin des dérapages qui avaient marqué la campagne de sa collègue Barbara Rosenkranz en 2010. Son avènement consacre la montée en puissance du FPÖ alors que la coalition gouvernementale est chahutée par la crise des migrants et la montée du chômage dans ce pays prospère. Le parti a déjà dépassé 30 % des suffrages à plusieurs scrutins régionaux l’an passé.
Campagne dominée par la question du droit d’asile
En Autriche, le rôle du président est avant tout protocolaire. Le chef de l’Etat, élu pour un mandat de six ans renouvelable une fois, ne participe pas à la gestion au quotidien du pays . Il désigne le chancelier. Il peut aussi théoriquement révoquer le gouvernement.
Ces résultats étaient attendus : les sondages donnaient MM. Hundstorfer et Khol largement derrière les trois autres candidats dans cette élection qui doit désigner le successeur de Heinz Fischer, le président sortant (SPÖ).
La campagne électorale a été dominée par la question du droit d’asile. Le gouvernement a établi des restrictions drastiques en la matière, l’extrême droite lui reprochant de ne pas en faire assez, et les défenseurs des droits de l’homme trouvant qu’il est allé trop loin.
L’Autriche a enregistré 90 000 demandes d’asile en 2015. Rapporté à sa population (8,58 millions de personnes), c’est un chiffre qui la place parmi les premiers pays d’accueil en Europe.
Mais la campagne n’a pas tourné qu’autour des migrants. L’usure des partis au pouvoir a aussi largement pesé.
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